texte de Charlotte Hess

par Sophie Billard

Le cri de ralliement de la «Marche pour le climat» de 2014 était : «Pour tout changer, il faut tout le monde». Mais comment parvenir à réunir «tout le monde» ? Beaucoup, pour ne pas dire la plupart des problèmes qu’il faut affronter, sont des problèmes de communs. Malheureusement, ces problèmes, comme dans beaucoup d’autres crises qui affectent les communs globaux, ne sont pas considérés comme des problèmes de communs. Les médias ne favorisent pas la compréhension des citoyens en ce qui concerne les questions posées par les communs globaux. Il en résulte un sentiment d’impuissance et de désespoir chez le grand public, livré à la merci de rapports de fonctionnaires dont l’origine est mal saisie, de firmes non identifiées, ou de commissions politiques qui paraissent hors d’atteinte. Quand les problèmes posés par les communs globaux ne sont pas présentés en tant que tels -comme problèmes de communs-, le message implicite est que ces problèmes ne sont pas du ressort du grand public, et que ce dernier ne doit pas s’y impliquer. Le fait qu’il existe des solutions relevant de nous-mêmes, gens et acteurs de terrain, est loin d’être une évidence. Si l’on s’en tient à la présentation faite le plus souvent par les médias, soit l’action devra être initiée par une instance gouvernementale ou patronale, soit le problème ne trouvera de solutions que par le développement de nouvelles technologies. Ainsi, non contents d’ignorer le fait qu’il s’agit de commun, les médias omettent également de mentionner l’influence potentiellement décisive de l’action collective. Cette «omission» est souvent intentionnelle ; mais elle est aussi due à la méconnaissance du sujet. Trop souvent, les décideurs eux-mêmes ne savent pas que traiter la question posée comme relevant d’un problème de communs représente une solution pérenne essentielle, une alternative au dilemme public/privé. Ce manque de visibilité des communs est un problème crucial auquel tous les commoners doivent s’attacher pour travailler à le résoudre.

Charlotte Hess
Fondatrice de la Digital Library of th Commons
Coauteure de l’ouvrage Understanding Knowledge as a Commons : From Théory to Practice (The MIT Press, 2007) avec Elinor Ostrom

Le retour des communs, Edt LLL, 2015, sous la direction de Benjamin Corriat
Chapitre 11 nommé :
Communs de la connaissance, communs globaux et connaissance des communs
 Extrait p 264
Introduction au séminaire international sur les communs organisé pour clore les travaux conduit dans le cadre de l’ANR Propice. P 253

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